Croyants et athées, oncles et tantes, étudiants et retraités : tout le monde s’est donné rendez-vous ce dimanche 11 janvier 2015 au centre de Strasbourg, pour rendre hommage aux membres de la rédaction de Charlie Hebdo, assassinés quatre jours auparavant par deux frères djihadistes.
Les 10 et 11 janvier 2015, des millions de Français ont ainsi défilé dans les rues aussi pour rendre notamment hommage aux productions et au ton désinvolte qui fait, toujours, la singularité de l’hebdomadaire satirique.

Dix ans plus tard, Charlie a survécu. Mais qui, en dehors de la rédaction, est encore « Charlie » ? La foule compacte d’hier a éclaté aujourd’hui en une multitude de cellules. Tram Nord, retraites, conflit israélo-palestinien, Coronavirus : les fractures s’expriment partout.
Et les ventes en berne de l’hebdomadaire – dont les actionnaires doivent être salariés – attestent de ce désaveu pour la satire. Les dessinateurs de presse indépendants n’ont plus non plus le vent en poupe, « entre la crise de la presse papier, les raids sur les réseaux sociaux, et même l’autocensure » comme l’écrit récemment L’Humanité.

Triste constat. Mais c’est l’occasion ici de prendre une bonne résolution et de soutenir le dessin de presse et l’impertinence et la pluralité des tons, dans une société où les médias ont tendance à se concentrer dans les mêmes mains et l’information est cloisonnée par les algorithmes, voire détournée par l’intelligence artificielle.

Alors, en 2025, il n’y a pas de meilleur hommage à Cabu, Charb, Honoré, Tignous et Wolinski que d’aller au kiosque (numérique).

PS : … et d’aller voir l’expo L’Humour de Charlie au Club de la presse, jusqu’au 11 janvier !

Félicien Rondel
Journaliste, correspondant régional – La Croix
felicien.rondel@protonmail.com

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