Ce dimanche 6 novembre commencera la COP27 à Charm el-Cheikh. Qu’attendre de cette nouvelle Conférence Climat ? Une question rituelle avec, COP après COP, des espoirs d’avancées majeures souvent douchés par l’accord « le moins pire » possible[1]. Un septennat après la COP21 à Paris, les émissions mondiales de gaz à effet de serre restent bien supérieures aux engagements exprimés à l’époque et pourraient, en l’état des politiques actuelles, nous conduire « vers un réchauffement de l’ordre de 2,4 à 2,6°C à la fin du siècle » selon le fondateur de la Chaire Économie du Climat Christian de Perthuis[2].
Le manque d’engagement des décideurs politiques est régulièrement pointé du doigt et le nouveau Premier ministre britannique, en annonçant dans un premier temps qu’il ne se rendrait pas en Égypte pour se concentrer sur les crises domestiques, a jeté de l’huile sur le feu. Rishi Sunak se déplacera finalement bien au bord de la mer Rouge pour assurer le « legs » de la précédente Conférence Climat qui avait eu lieu à Glasgow l’an dernier.
Depuis cette COP26 outre-Manche, l’invasion de l’Ukraine par la Russie a provoqué de nombreuses crises, en particulier dans le secteur énergétique avec une flambée des prix. Mais au milieu de ces crises et des drames humains de la guerre, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) n’a pas joué les Cassandre dans son dernier grand rapport de prospective paru la semaine dernière[3], bien au contraire : « la crise énergétique mondiale déclenchée par l’invasion de l’Ukraine par la Russie provoque des changements profonds susceptibles d’accélérer la transition vers un système énergétique plus durable » (en poussant notamment les Européens à faire preuve de davantage de sobriété pour être moins tributaires du gaz russe).
Dans un entretien au Monde cette semaine, le scientifique américain Amory Lovins a même jugé que la Russie venait « de faire exploser l’ère des énergies fossiles ». Ces dernières pourraient toutefois encore compter pour un peu plus de 60% du mix énergétique mondial à l’horizon 2050 selon le scénario central de l’AIE (contre plus de 80% à l’heure actuelle)[4], . Ce qui laisse une belle marge de progression pour accélérer la transition énergétique…
Maël Dancette
Rédacteur en chef
Connaissance des énergies
mdancette@connaissancedesenergies.org
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[1] Le négociateur principal de la Nouvelle-Zélande avait en particulier qualifié l’an dernier de « résultat le moins pire » l’accord conclu lors de la COP26 à Glasgow.
[2] Les trajectoires actuelles « nous laissent loin de la baisse de 43 % des émissions entre 2019 et 2030, requise pour se mettre sur la voie d’un réchauffement limité à 1,5°C ». Avant la COP27 : l’état des lieux | Connaissances des énergies (connaissancedesenergies.org)
[3] World Energy Outlook 2022.
[4] Scénario « STEPS » de l’AIE (« Stated Policies », sur la base des politiques annoncées à ce jour)