Depuis quelque temps, je vois fleurir des débats sur l’avenir de mon activité, celle de conceptrice-rédactrice, face à l’essor de l’IA. Faut-il s’inquiéter ? S’adapter ? Se réinventer ? La question est légitime. Oui, nos métiers évoluent. Oui, l’IA bouleverse notre façon de travailler. Mais une chose est certaine : concevoir et rédiger ne se résument pas à produire du texte.

Écrire est un métier. Un savoir-faire. Un subtil exercice d’équilibre entre rigueur et créativité, technique et intuition. En communication, les concepteurs-rédacteurs ne se contentent pas de manier la langue, de recycler des formules efficaces ou de reproduire ce qui a marché. Nous sculptons le sens, modulons le rythme, dosons la nuance. Nous savons qu’un bon texte ne se limite pas à une syntaxe impeccable ou à une logique bien rodée. Il doit couler naturellement, se lire sans effort, avoir cette musicalité qui le rend vivant, ce souffle qui le rend vibrant.

Nous ne choisissons jamais un mot au hasard. Nous savons repérer une phrase trop lisse, trop prévisible, dénuée d’aspérité. Nous savons aussi qu’un silence peut parfois en dire plus qu’un paragraphe et qu’un mot mal placé peut trahir une intention. Nous ciselons, élaguons, peaufinons pour ne garder que l’essentiel.

Il ne suffit pas qu’un texte soit bien écrit pour qu’il soit juste. Encore faut-il qu’il soit évalué avec le regard expert de celui qui sait reconnaître un texte qui sonne vrai. Et c’est là un rôle que l’IA, malgré toutes ses avancées, ne pourra pas revendiquer. Même si elle permet d’accélérer la cadence, ses productions devront encore longtemps être soumises à l’expertise humaine, à cette capacité à insuffler de la chair dans un discours trop mécanique, pour le rendre profondément humain.

Car un bon texte ne se contente pas de transmettre une idée : il suscite une émotion, il fait écho. Prenons l’exemple d’une campagne de publicité marquante. Elle naît d’une intuition fulgurante, d’une expérience vécue, d’un ressenti profond. Pas d’un simple assemblage d’idées optimisées. C’est là que réside la différence. Dans cette nuance imperceptible qui sépare un texte correct d’un texte marquant, une information d’un message, une phrase lue d’une phrase ressentie. Cette nuance ne se calcule pas. Elle se perçoit, s’incarne.

Nous, concepteurs-rédacteurs, donnons aux mots cette vibration qui les fait résonner. Nous ne nous contentons pas d’écrire, nous donnons une direction, une intention, une âme. Nous captons ce qui se glisse entre les lignes, ce qui ne peut être dit qu’avec justesse.

En communication, la pertinence ne se programme pas, elle s’éprouve. La créativité ne s’automatise pas, elle surgit, parfois au bout de mille essais, dans un éclair d’intuition.

Et c’est là que l’humain aura toujours une longueur d’avance.

Hélène Edel
Conception-rédaction de messages publicitaires et institutionnels
& Conseil en stratégie de communication écrite
helene.edel@gmail.com

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