Après une garde à vue de 39 heures le 19 septembre, la journaliste Ariane Lavrilleux a vu certaines des pièces saisies lors d’une perquisition à son domicile être versées au dossier d’une enquête visant à identifier une fuite au sein des services de renseignement le 27 septembre.
Cette atteinte inouïe à la protection des sources des journalistes, un principe garanti par la loi sur la liberté de la presse de 1881 et par l’article 10 de la Convention européenne des droits de l’Homme est inacceptable. Le principe même du métier de journaliste consiste à récupérer des informations auprès de personnes qui ne sont pas censées les communiquer.
Cette attaque contre la protection des sources, au nom d’une très élastique “sécurité nationale” est une nouvelle manifestation du recul de la liberté de la presse dans notre pays. Elle s’inscrit après plusieurs atteintes directes de l’exécutif (dont le fameux “on a une presse qui ne cherche plus la vérité”, Emmanuel Macron en juillet 2018 à propos de l’affaire Benalla), deux lois restrictives (sur le secret des affaires et contre les fake news), sans parler des violences contre les journalistes, ciblés par des policiers désormais à chaque manifestation.
Ces dérives condamnées par Reporters sans frontières et Amnesty international doivent tous et toutes nous interroger. La liberté de la presse n’est pas un droit des journalistes, mais une liberté indispensable à tous les Français.
Pierre France
Journaliste
Rue89 Strasbourg
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