Christophe Schalk, président de Top Music vient d’être réélu président du SIRTI – Syndicat des radios indépendantes, pour un mandat de trois ans.
Le SIRTI réunit plus de 170 radios privées indépendantes, locales, régionales, thématiques et généralistes (8 millions d’auditeurs chaque jour – un tiers des effectifs salariés et le quart du chiffre d’affaires publicitaire de la branche radio).
Christophe Schalk, vous venez d’être réélu à la tête du premier syndicat de l’audiovisuel indépendant de France, quelles seront vos priorités ?
Cette année sera principalement consacrée à 3 projets :
– la création d’une alliance avec les radios nationales qui regroupe les 4 groupes nationaux. Notre syndicat et leur bureau pourraient avoir intérêt à s’exprimer d’une seule et même voix face aux institutions notamment. Celle-ci pourrait également inclure Radio France. Des points de divergence nous opposent régulièrement mais nous avons aussi des positions communes.
– la contribution au livre blanc que l’Arcom va rédiger. Les auditions des acteurs de nos métiers auront lieu d’ici mi-juillet. Ce doit être pour nous l’occasion d’affirmer nos positions dans de nombreux domaines.
– Il y a un an nous avons créé avec les radios nationales et l’Arcom, Ensemble pour le DAB+ dont l’objet est promouvoir ce mode de réception. Nous devons maintenant passer à l’action concrète d’autant que Ministère de la culture nous a doté d’un budget et que nous mettrons nous même la main à la poche.
La radio numérique terrestre dont vous parlez : DAB+ (Digital Audio Broadcasting), est en cours de déploiement en France. Pouvez-vous nous rappeler ses enjeux ?
Nous tenons viscéralement à la souveraineté de notre diffusion et ne voulons dépendre de personne, pas des FAI (fournisseurs d’accès à Internet) en particulier. Le DAB+, via nos propres émetteurs répond à cette volonté. Pour ce qui est de l’offre, le DAB+ est une diffusion digitale qui correspond aux attentes du public et de la jeunesse en particulier, nous devons donc œuvrer pour imposer son développement. La radio est par définition le média de la mobilité, pouvoir continuer à l’écouter en voiture est un impératif. Si nous laissons les GAFA mettre à disposition des constructeurs automobiles des solutions mettant en avant prioritairement leurs propres offres, la radio en souffrirait, bien entendu. Le DAB+ embarqué doit contribuer à renforcer notre présence à bord des véhicules. Enfin le DAB+ est peu énergivore, ce qui répond également à nos engagements RSE.
Le 9 avril 2021, était lancée RadioPlayer France, une association inédite des antennes publiques et privées en réponse à la concurrence des géants du net et des services de streaming. Deux ans après, quels sont les résultats de cette application et ses prochains objectifs ?
Dans ce domaine aussi les différents acteurs français, dans leur diversité ont réussi à s’entendre. Radioplayer répond parfaitement à notre volonté de souveraineté en matière de diffusion et de solution embarquée. Retrouver sur une seule appli l’ensemble de l’offre est une vraie force. L’accès aux programmes est particulièrement simple, nous devons être présents sur tous les devices (appareils de navigation sur internet) pour continuer à toucher nos publics. A ce jour l’appli a été téléchargée 750 000 fois et mensuellement nous comptabilisons environ 5 millions d’écoute. Radioplayer France va poursuivre son développement.
Dès le mois d’avril des animateurs générés par l’IA seront à l’antenne chez Alpha Media (200 radios aux Etats-Unis) et chez Rogers Sports & Media (55 stations et plus de 29 podcasts au Canada) Insider Comment anticipez-vous l’utilisation de l’IA en radio ?
La radio c’est la vie, le propos incarné. Si l’IA est au service des hommes et des femmes qui font la radio c’est une bonne nouvelle. Si l’IA remplaçait les animateurs et journalistes ce serait une catastrophe pour le public en premier lieu… Exprimer un point de vue, une sensibilité, une émotion, doit rester l’apanage des humains. Pour le bien de tous continuons à parler dans le micro sans céder aux algorithmes et agrégateurs.
Radio filmée, contenus web, podcasts, la radio évolue et s’adapte aux nouveaux usages. Est-ce une réponse suffisante à l’érosion des audiences ?
La radio a peu subit le digital pendant 20 ans, aujourd’hui celui-ci nous impacte. A nous d’en tirer profit. A présent la jeune génération en particulier attend de la radio qu’elle puisse se consommer en délinéraiser, se regarder, qu’elle se prête à l’interaction…. Si grâce à sa diffusion classique et ces nouveaux usages la radio continue à raconter la vie des territoires qu’elle couvre, si elle continue à divertir, à interroger, le public restera au rendez-vous. La réponse vient et viendra des contenus relayés par ces différents canaux. Souvenons que 40 millions d’auditeurs l’écoutent chaque jour et que la radio reste le media le plus digne de confiance en matière d’information notamment, les Français viennent encore de le réaffirmer. Quel média a un jour pu en dire autant ?
Propos recueillis par Anka Wessang