La rentrée scolaire approche et la saison des feux n’est pas terminée au Canada. Elle menace d’ailleurs de décaler le retour de quelques écoliers évacués. Loin des grandes villes, cet été de tous les records semble hélas contribuer à une banalisation de l’exceptionnel.
Les dégâts correspondent pourtant aux modélisations, certes parmi les plus pessimistes, des climatologues. Tout au nord, le Canada se réchauffe deux fois plus vite que le reste du monde. Pourtant, c’est encore un mélange de sidération et d’impuissance qui domine. On entend de plus en plus souvent des pompiers expliquer que seule une météo plus favorable aura vraiment de l’effet sur les feux.
Les politiciens, eux, démontrent leur impréparation. Le Premier ministre de l’Ontario met les incendies sur le compte des éclairs et des campeurs, celui du Québec s’est dit “face à quelque chose de nouveau”, non sans rappeler le “qui aurait pu prédire ?” d’un certain Emmanuel Macron. Quant au Premier ministre Justin Trudeau, il dit qu’il faut s’attendre à d’autres étés ardents, sans y associer de geste fort. Surtout, il ne veut pas se mettre à dos ses 13 puissantes Provinces, y compris l’Alberta et son nouvel eldorado noir, le pétrole des sabes bitumineux dont l’extraction est bien plus polluante que par les méthodes classiques.
Comme partout, cette attitude tranche avec celle de la précédente crise. Pendant la pandémie, les préconisations des épidémiologistes ont été suivies de près, quitte à engendrer d’autres dégâts économiques, sociaux ou pour la santé mentale. Et même s’il y a eu des réticences dans la population, le Canada et le soulèvement des “Convois de la Liberté” était déjà aux premières loges, la majorité s’est globalement conformée aux restrictions. Mais sur le Climat, peu de monde s’efforce à appliquer les recommandations des scientifiques.
Voilà un beau sujet de réflexion pour la rentrée. Pourquoi sommes nous enclin à écouter la Science pour protéger notre santé, mais pas celle de la planète où nous vivons ?
Journaliste français indépendant à Toronto
Radio Canada, AFP, Le Métropolitain de Toronto, Libération
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