Deux outils digitaux, qui font beaucoup parler d’eux en ce début d’année, renouvellent le débat sur l’Intelligence artificielle et son usage. Et comme à chaque nouvelle étape, « l’IA » suscite méfiance, espoirs et interrogations. Le premier, Midjourney, génère des images virtuelles à la demande et tente d’approcher le réel grâce à des marqueurs visuels suffisamment bien faits pour brouiller les pistes. Mais le saut quantitatif certes spectaculaire ne fait que renvoyer à des questions anciennes sur la relation entre l’image et la vérité.
Le second outil suscite davantage de controverse. ChatGPT est un « assistant conversationnel » créé par la société OpenAI basée à San Francisco. ChatGPT pour Generative Pre-Trained Transformer permet des conversations interactives et bien plus car le programme a ingurgité des milliards de phrases et informations sur internet. Un texte façon poème de Kipling ? Un article sur la culture du manioc dans les civilisations précolombiennes ? Un codage informatique ? Il suffit de demander. Même si les travaux scientifiques complexes restent pour l’instant hors de sa portée.
L’outil ne pense pas, n’a pas de conscience, mais il sait synthétiser le savoir en ligne et il sait s’exprimer. De quoi donner des idées et déjà les enseignants s’inquiètent. Sciences-Po Paris vient d’ailleurs d’interdire l’usage de ChatGPT à ses étudiants.
L’univers du web a révolutionné l’accès à une grande partie du savoir pour mieux le démocratiser. ChatGPT se propose désormais d’y faire le tri et la synthèse à la place de l’internaute. L’esprit critique et l’analyse resteront l’apanage de l’être humain, à condition qu’il veuille et qu’il sache garder ces outils à la place qui doit être la leur, en fixant les limites à leur usage.
Olivier Claudon
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