Anne-Sophie Novel travaille comme journaliste free-lance. Elle collabore ou a collaboré avec Le Monde, Le 1, L’Obs, Public Sénat, FranceTV, Vert, etc. Elle est l’auteure de plusieurs ouvrages, et est l’une des initiatrices de la Charte pour un journalisme à la hauteur de l’urgence climatique diffusée en 2022.
Son année 2023 a déjà été particulièrement riche :
Mars: publication de son nouvel ouvrage « Mieux s’informer »*
Août: Le 1 diffuse sa Carte subjective du paysage médiatique français réalisée avec Natacha Bigan
Septembre: Prolongation de la campagne de financement de son “Kit de survie pour y voir plus clair dans le monde de l’info” (livre + carte + jeu).
Anne-Sophie Nouvel a accepté de répondre aux questions d’actu.
Anne-Sophie Novel, vous êtes l’une des initiatrices de la Charte pour un journalisme à la hauteur de l’urgence climatique diffusée il y a exactement un an. Ce texte a été signé par des milliers de journalistes ainsi que par de nombreuses rédactions. Avez-vous observé dans les media de nouvelles pratiques ou formats inspirés de vos recommandations ?
A vrai dire, oui et non ! La charte a participé à une prise de conscience mais a surtout réveillé une envie d’agir autrement, souvent latente, non discutée car de nombreux professionnels ont intégré, dans leur quotidien, que cela pourrait venir bousculer trop largement leurs pratiques. Avec la charte, l’idée était de montrer que les convaincus•es du besoin de changer ne sont pas seul•es, et qu’il est possible de se donner une boussole et des caps pour avancer.
Outre notre charte, de nombreuses rédactions ont publié leurs engagements et initié de vastes plans de formation de leurs équipes, les écoles pour beaucoup se sont mises à lancer des cours dédiés sur ces sujets, etc. Donc cela participe d’un mouvement en cours, certes tardif, mais bienvenu !
Fin août, Le 1 Hebdo a publié votre Carte subjective du paysage médiatique français, dans son numéro « Une autre presse est-elle possible ? ». Il s’agit d’une deuxième version de votre carte réalisée en 2020. En deux ans, quels sont, selon vous, les grands changements du paysage médiatique français ?
Il suffit de regarder notre fleuve : certains bateau sont devenus des cargos… et un aérodrome y a été intégré (rire) Mais à côté de l’avancée de ces grands groupes, la presse indépendante garde de son dynamisme, et nous avons ajouté de nombreux détails – dont les menaces qui pèsent sur le métier, sur notre rapport à l’information – et l’IA aussi bien sûr. Sans doute aurions-nous du ajouter un nuage en mode « garde à vue » pour les journalistes dont le travail pose problème à l’état ou aux grands groupes…?
Vous avez réalisé un “Kit de survie pour y voir plus clair dans le monde de l’info”**. Un livre + une carte + un jeu destinés à reprendre la main sur ce qu’on se met dans la tête parce que nous pouvons mieux nous informer. Il existe des clés pour se libérer des boucles informationnelles, démasquer l’infox, débusquer la désinformation, effectuer son propre fact-checking. Par ce biais, vous invitez à soutenir un journalisme “nutritif”. Qu’entendez-vous par là ?
Je pars du principe que notre mauvais rapport à l’information est source d’un profond malaise, souvent vécu intimement, source d’une violence interpersonnelle, mais aussi dangereuse pour la qualité du débat démocratique et les choix que nous devrions pouvoir faire collectivement, au-delà des clivages et des polémiques. Je n’abandonne pas l’idée que la bonne information et les médias qui font bien leur boulot devraient pouvoir aider en ce sens. Il est donc urgent d’engager des conversations sur le sujet, et d’avoir des supports pour accompagner cela – en milieu scolaire mais pas seulement ! En ce sens, le fait de travailler avec un membre d’un bout des médias (Loick Rausher Laurenceau) et un artiste qui voulait questionner cela en tant que citoyen (Loic Chabrier) est un vrai atout.
Dans vos travaux vous insistez sur la nécessité pour les media de prendre en compte la demande citoyenne à participer, converser et agir. Est-ce une tendance qui se développe ?
Je ne dirai pas que c’est une tendance qui se développe, mais un besoin et une attente, latente, sur laquelle beaucoup de journaux ne prennent pas le temps de se pencher… c’est dommage !
Pour terminer, pouvez-vous nous donner un TOP 5 des media à suivre ?
Ah… dur !!
Je peux donner 5 zones à explorer plutôt ?
Si oui – la vallée des alternatives, l’observatoire de la presse scientifiques, les sommets de l’investigation, les optimistes de la presse jeunesse, et les merdias réunis dans le tas de fumier….
Propos recueillis par Anka Wessang
© https://borninppm.com/ppm/