Tout va trop vite. L’instant d’après efface déjà celui d’avant. Les notifications hurlent, les décisions doivent être prises avant même d’avoir été pensées. On avance, on tranche, on optimise. Rester immobile, c’est déjà reculer. Dans cette mécanique bien huilée, le temps s’est contracté. Plus rien n’a le droit d’être lent.

Même l’écoute devient impatiente, même les silences doivent être rentabilisés. Nous vivons à flux tendu, contraints d’absorber l’urgence comme une seconde nature. Et pourtant. Parfois, au milieu du tumulte, il y a une main qui se pose sur une épaule. Un regard qui s’attarde un peu plus longtemps que prévu. Une phrase qui tombe au bon moment. Rien d’extraordinaire, juste un instant suspendu qui nous rappelle que nous ne sommes pas des rouages.

Dans cette époque du zapping, que reste-t-il de l’attention véritable ? Du luxe de l’écoute sans impatience, du silence partagé sans malaise ? Peut-être que diriger, ce n’est pas seulement décider plus vite et plus fort. Peut-être que le véritable courage, c’est d’imposer une respiration là où tout nous pousse à l’essoufflement. Fédérer, c’est faire tenir ensemble des contraires : l’exigence et l’indulgence, l’efficacité et l’écoute.

On attend d’un leader qu’il performe, qu’il tienne la barre, qu’il mesure, ajuste, accélère. C’est tenir un cap sans briser l’élan. Car la vraie performance n’est pas dans l’accélération permanente, mais dans la justesse du rythme.

Anastasia Feuerstein
Directrice et cheffe d’établissement
YNOV Strasbourg
anastasia.feuerstein@ynov.com

CARTE BLANCHE

X