Dans notre monde ultra connecté où l’important n’est plus de penser avant de parler mais de poster, partager, liker, tweeter son avis qui devient aussitôt une opinion à défendre, le pouvoir des médias, « classiques » comme sociaux, semble aujourd’hui plus puissant que jamais. Alors pourquoi laisser « la faute à l’Europe » dominer le « grâce à l’Europe » ?
Il y a mille et une façons de parler positivement de l’Europe sans « ivoire » la tour bruxelloise, le mastodonte administratif loin des préoccupations des citoyens européens.
Sur un plan géopolitique, les trois dernières années sont exceptionnelles à plus d’un titre. Elles ont permis à l’Europe de renouer avec ses valeurs humanistes et solidaires de ses origines d’après- guerre : achat groupé de vaccins pour lutter contre la Covid-19, accord sur une mise en commun de la dette des 27, consensus sur les sanctions européennes contre la Russie… Des succès plus qu’inespérés pour qui se souvient des désaccords persistants entre les États de l’UE sur bien des sujets.
A l’échelle des citoyens, l’Europe est présente dans leur quotidien mais ils ne le savent pas. Ou plutôt, on ne le leur dit pas. Aucun panneau d’informations sur les 2 millions d’euros de fonds européens reçus pour la construction du pont sur le Rhin et la prolongation du tramway strasbourgeois jusqu’à Kehl. Ils sont pourtant plus de 5000 frontaliers à l’emprunter chaque jour.
Et l’obligation imposée par l’Europe aux compagnies aériennes d’indemniser les passagers en cas d’annulation de vol ? Là encore, pas ou peu d’info. Alors même que cela s’applique aussi pour chaque mode de transport en commun dans l’UE : train, bus et ferry.
L’Europe c’est aussi la fin des surcoûts pour téléphoner, envoyer des SMS ou surfer sur Internet dans un autre pays de l’Union européenne, ou encore une protection renforcée de nos données personnelles face à la (sur)puissance des géants du numérique.
Et qui sait que c’est l’Europe qui impose aux vendeurs un délai minimum de 14 jours durant lequel vous pouvez leur renvoyer le cadeau acheté sur le net qui n’a pas plu à Noël ?
Alors oui, il est souvent plus facile, tentant et parfois pratique de désigner l’Europe comme bouc émissaire. Mais lançons-nous un défi : parler un peu, beaucoup, passionnément, et pour une fois, en bien de l’Europe. Cap ou pas cap ?
Elphège TIGNEL
Responsable de communication
Centre Européen des Consommateurs France
tignel@cec-zev.eu