« Les jeunes »… « ne lisent plus le journal”, “ne connaissent pas le 20 heures”, “passent leur vie sur Tik tok”…. 50% d’entre eux déclarent effectivement s’intéresser faiblement à l’information, selon le baromètre de confiance dans les médias réalisé par Kantar pour la Croix en janvier 2020. Désintérêt ? Vraiment ?
Creusons, en allant dans les établissements scolaires et les lieux d’éducation populaire. Pour en apprendre sur leurs besoins, leurs usages… Et sur les raisons de la défiance. Elle est bien là. Mais la rencontre permet de tordre le coup à quelques idées reçues et de sortir des amalgames sur ces grands-tout que seraient “les jeunes” et “les journalistes”. Car la pratique de notre métier reste mal connue.
Le dialogue s’engage à partir de ce qu’ils pensent en savoir et en savent déjà. Il nous permet de témoigner de notre quotidien. D’expliquer la manière dont nous travaillons. De raconter ce qu’est notre métier. Ce qu’il doit être. Et ce qu’il doit rester. De parler des choix, de nos sujets et angles, des lignes éditoriales. Des nouvelles opportunités de raconter le monde qu’offre le numérique. Des conditions et des moyens de production de l’information. Et de ce qu’elles rendent possibles…
…ou non ! Car la révolution numérique n’a pas seulement modifié les pratiques quotidiennes de tout à chacun. Elle a secoué les rédactions, bouleversé les temps de l’information, rebattu les cartes de l’économie des médias d’information. De cela, aussi, il faut pouvoir parler.
Elle a aussi rendu largement accessibles de nouveaux outils d’expression et de diffusion. Pour le meilleur. Et pour le pire. Car en ouvrant la voie à une large diffusion d’infox, elle nous a propulsés dans l’ère de la “post-vérité”. Un nouvel univers où le partage de contenus passe par l’émotion, les affects et la réaction instantanée, qui font taire la raison critique. La défiance à l’égard “des médias” et “des journalistes” ne demande qu’à s’y épanouir.
Il est donc complexe, mais fort utile de partager avec de jeunes esprits en formation (et leurs aînés !) quelques pratiques professionnelles. Rien de tel pour leur éviter d’errer sans boussole dans une myriade de contenus à portée de clic ! Cette éducation aux médias s’inscrit dans le prolongement de notre métier de médiation, de transmission. C’est une rencontre avec l’Autre. A l’opposé de la logique des algorithmes qui nous amalgame, nous oppose et nous maintient chacun dans nos bulles. Un enjeu démocratique.
Rédactrice en chef de Wow!News Magazine