Les agences de relations presse et publiques ont elles aussi été directement impactées par la crise du Covid-19, elles ont du faire face et s’adapter à ce contexte inédit. Retour d’expériences !
Un grand merci à Nathalie Chornowicz, Terre d’info, Emmanuel Didierjean, Lao Caï et Aurélie Rigaud, Aurèle in the city, qui ont pris le temps de répondre à nos questions :
Votre activité a été lourdement impactée par la crise, comme avez-vous maintenu le lien ?
Nathalie Chornowicz : La crise a été vécue différemment en fonction des clients. Les contacts se sont multipliés pour certains, comme pour le Groupe Hospitalier Saint Vincent pour lequel nous avons envoyé plusieurs communiqués en quelques semaines, qui ont généré de nombreuses retombées dont la plupart sur des chaines de télévision nationales. D’autres opérations, comme diverses conférences ou visites de presse ont dû par conte être annulées ou repoussées. Nous avons maintenu le lien avec nos clients par mail, téléphone et réunions vidéo régulières.
Emmanuel Didierjean : Le lien avec les clients a été très facile à maintenir avec certains, puisque nous travaillions alors à des événements attendus pour cet été. Il a fallu dans un premier temps anticiper une réorganisation des événements en lien avec les mesures sanitaires, puis ensuite les aider à annoncer leurs décisions de reporter ces événements à l’an prochain. Avec d’autres clients dont l’activité était moins directement impactée, ça nous a permis d’aller plus loin dans notre relation de travail en abordant des perspectives nouvelles avec eux, Lao Cai se présentant comme agence de RP, mais aussi depuis quelques mois de communication. Quant aux médias, c’est plus avec les journalistes que je suis plus directement resté en rapport, entre SMS, messages et autres, mais à titre personnel plus qu’autre chose : tous dans la même galère, il s’agissait surtout de s’enquérir de la santé et du moral des uns et des autres.
Aurélie Rigaud : J’ai la chance de travailler avec des clients qui sont pour la plupart aussi des relations amicales. Donc très naturellement, nous nous sommes appelés pour prendre de nos nouvelles et… parler boulot. Idem pour les journalistes. Je travaille avec certains d’entre eux depuis des années, parfois plus de 15 ans, des relations hors job se sont construites. Les réseaux sociaux ont également été un outil intéressant pendant cette période inédite.
Est-ce que certains de vos clients ont poursuivi une activité, pris des initiatives pendant le confinement ? Comment les avez-vous accompagnés ?
NC : Pendant le confinement, nous avons essentiellement travaillé pour le Groupe Hospitalier Saint Vincent, évidemment très actif pendant la crise sanitaire ; ainsi que pour Fortwenger, qui, par ses appels sur les réseaux sociaux pour promouvoir la vente à distance de ses produits, a généré de nombreuses retombées presse. Paradoxalement, sa perte conséquente de chiffre d’affaires sur les derniers mois a généré de nombreux reportages, tant en presse écrite qu’en radios et télévisions régionales et nationales. Nous avons également préparé des communiqués pour la Région Grand Est et l’ADEME. Et envisagé les opérations presse à venir dès la sortie du confinement pour RTE. Nos autres clients se sont mis en standby en attendant des jours meilleurs…
ED : L’activité de nos clients a été, pour plusieurs d’entre eux, directement impactée et il a fallu prendre des décisions rapides, claires. Nous les avons accompagnés dans la pédagogie de la transmission de leur information. Nous les avons aussi accompagnés pour leur permettre de ne pas voir tout le travail effectué par leurs équipes pendant plusieurs mois réduit à néant. Nous aurons d’ailleurs bientôt le plaisir d’annoncer quelques infos feel good pour plusieurs d’entre eux.
AR : Oui en effet quelques uns ont maintenu une activité pendant le confinement. Ca a été le cas de La Casserole et de l’Ecole Candice Mack. La Casserole a proposé des menus de confinement, une action pour laquelle la communication (ici je ne fais pas que les relations presse) sur les réseaux sociaux a été très (très) importante complétée par la continuité de la mise en oeuvre des newsletters mensuelles. Les journalistes ont également relayé l’info. Pour Candice Mack, une campagne de relations presse a été menée. Elle a du complètement se réinventer et compte tenu de son secteur d’activité (le maquillage professionnel) où le contact et le travail en duo sont de mise, ça a été un vrai challenge !
Les médias se sont adaptés avec agilité au contexte, télétravail, interview à distance etc. qu’avez-vous du organiser d’inattendu/inhabituel ?
NC : Nous avons organisé cette semaine une visite de presse d’un chantier en extérieur + conférence de presse avec masques. En fait cela ne changeait pas grand-chose, à part peut-être devoir répéter certaines phrases moins audibles et entendre fréquemment des exclamations comme « Qu’est-ce qu’il fait chaud là-dessous ! ». Mais la fréquentation n’en a pas souffert. Nous avons également organisé des prises de parole par rendez-vous téléphoniques, qui se sont également mis en place avec une grande facilité. Seuls les contacts avec certaines rédactions ou certains journalistes hors Alsace ou Grand Est ont parfois été plus difficiles du fait des standards téléphoniques fermés dans certains supports et des journalistes en télétravail et pour lesquels, si nous avions bien leurs numéros téléphoniques directs, nous ne possédions pas toujours le numéro de portable…
ED : Les RP sont un domaine où l’inhabituel est l’habitude, donc il n’y a pas eu pour nous d’événements inhabituels à organiser. Qui plus est, nous-mêmes télé-travaillons depuis l’ouverture de l’agence, il y a bientôt quatre ans. Donc, notre rythme n’a pas été perturbé. Mais il est vrai qu’on préfère envoyer à la presse des informations plus positives que des annulations ou reports de beaux événements.
AR : Finalement, rien de terrible. D’abord parce que l’activité était extrêmement calme (bien trop) et ensuite parce que je passais déjà pas mal de temps au téléphone avant !
Avez-vous été sollicité par vos clients pour la reprise, « le jour d’après » ?
NC : Oui, pour des réouvertures de commerce ou musée par exemple. De même, nous avons reçu de nombreuses sollicitations et consultations pour des campagnes de relations presse à venir et qui sont toutes sorties en même temps à la fin du confinement !
ED : Nous avons un échange avec nos clients qui nous a permis d’aborder très vite les questions liées au « jour d’après », que ce soit pour eux directement ou pour notre relation commerciale. Ce confinement aura permis de trouver un autre rythme de travail, de pensée, de réflexion. Le temps de se poser et discuter différemment. Un temps de créativité partagée entre l’agence et nos partenaires.
AR : Oui. Même si les organisateurs des Internationaux de Strasbourg n’ont jamais cessé de travailler sur des scénarii pendant le confinement, les actions de relations presse ont concrètement reprises après. Idem pour le chantier de la Strassburger Bank géré par Diabolo Poivre qui a du être arrêté pendant ces mois de confinement. Pas plus tard que la semaine dernière nous avons fait une réunion pour remettre les actions de relations presse et de relations avec le public à jour, revoir le rétro-planning, etc
Selon vous, est-ce que la dématérialisation des événements a de l’avenir ?
NC : J’avoue que je crois assez peu au bruit ambiant « Tout va changer »… Les habitudes d’une vie sont généralement vite reprises. Par ailleurs, les journalistes contactés ou rencontrés lors de ces premiers événements post-confinement semblaient plutôt heureux de reprendre un contact visuel et sur site avec leurs interlocuteurs. Enfin, Terre d’info organise beaucoup de visites de presse et ce type d’événement est toujours très bien suivi car il y a un vrai intérêt pour les journalistes à se rendre sur un site de production, dans une nouvelle structure ou sur un chantier extérieur, voir « l’envers du décor » et faire de belles images ! Tout cela se dématérialise difficilement !..
ED : La situation sanitaire est encore très précaire, et il n’y a pas beaucoup de visibilité quant à son évolution dans les prochains mois. A cet égard, la dématérialisation des événements va s’institutionnaliser, se développer. Nous travaillons d’ailleurs sur quelques projets de conversions d’événements physiques en événements virtuels. Mais il est évident – et le déconfinement l’a montré – que rien ne saura se substituer à la rencontre humaine.
AR : oh non, quand même pas. La dématérialisation a ses limites tout comme les réseaux sociaux. Parlons plutôt de complémentarité ?
Quelles leçons tirez-vous de cette expérience dans votre pratique ?
NC : Je pense manquer de recul pour répondre à cette question. Pour l’instant je ne vois finalement que peu de différence. Même la tenue de réunions en vidéoconférence me semble anecdotique, elles existaient déjà avant pour certains clients dont le siège est trop éloigné. A voir peut-être dans quelques mois ?
ED : Il faut remettre l’humain au milieu de tout, même à travers la machine – en l’occurrence les instruments permettant les visio-conférences. Il faut aussi savoir prendre du temps et cesser cette course effrénée à tout et n’importe quoi. Ca m’a rappelé mon ancien métier où le temps était mon maître, à la seconde près : plus que tout, le temps est un luxe essentiel. Il faut aussi savoir être agile. Toutes les entreprises qui s’en sortiront auront l’agilité comme point commun, même si hélas le contexte fait que toutes les entreprises agiles n’auront pas le même degré de chance.
AR : Les contacts humains, directs, physiques manquent beaucoup et dans ce métier que sont les relations presse et avec le public, c’est pas cool !
Contacts :
Nathalie Chornowicz : nathalie@terredinfo.fr
Emmanuel Didierjean : emmanuel@lao-cai.com
Aurélie Rigaud : aureleinthecity@gmail.com
Propos recueillis par Anka Wessang.