Afin d’aider les petits organes de presse touchés par la crise, le Centre européen du journalisme et Facebook journalism projet, ont attribué à 55 médias dans 20 pays, une enveloppe de 10 000 à 25 000 €.
Rue89 Strasbourg ainsi que trois autres médias français* ont été sélectionnés.
3 questions à Pierre FRANCE, fondateur et responsable de la rédaction.
Est-ce que l’aide financière du Centre européen du journalisme vous a permis de traverser sereinement la période du confinement ?
L’aide financière, bien que déployée rapidement, est arrivée après les baisses drastiques de revenu publicitaire, qui nous ont touché en fait dès le début de la campagne électorale. Mais les annonces de l’existence des fonds d’aide d’urgence nous ont permis d’éviter d’avoir recours au chômage partiel pour nos journalistes, surtout dans une période de forte demande d’informations, d’engager des efforts substantiels et de continuer à missionner des journalistes indépendants. Ce sont les abonnements qui nous ont permis de tenir au plus fort de la crise. Nous savions depuis un moment que cette forme de financement était finalement la plus adaptée à un média local journalistique comme le nôtre, nous en avons eu la brutale confirmation durant la crise et c’est pourquoi nous allons tout faire pour les développer dans les mois qui viennent.
Votre modèle économique repose sur la publicité, les abonnements et des formations, allez-vous revoir votre stratégie de diversification ?
Nous ne faisons plus de formations depuis longtemps ! Notre modèle économique repose sur une moitié de revenus publicitaires, issus des campagnes des collectivités et des structures culturelles. Viennent ensuite les partenariats événementiels, lorsque nous organisons et animons des rencontres publiques, puis les abonnements directes et les subventions pour nos actions d’éducation aux médias.
Donc nous allons essayer de garder tout ça, en développant en plus les aides à l’investigation car de nombreuses bourses se mettent en place au niveau européen, même si elles ne financent que rarement des enquêtes locales. Notre priorité est d’arriver à mobiliser 2 à 3000 abonnements locaux pour créer un socle de revenus.
Malgré ce contexte avez-vous pu déployer de nouveaux projets ?
Grâce aux aides de Facebook et Google, on a suffisamment d’argent pour embaucher une nouvelle ou un nouveau journaliste. Et on est très content de pouvoir le faire, car on pense que ce sera la meilleure manière de convaincre plus de personnes de s’abonner à Rue89 Strasbourg. 5€ par mois, ça n’est pas une dépense importante pour la vaste majorité des gens, mais 1000 abonnés, c’est un poste de journaliste local, présent à Strasbourg tous les jours pour répondre aux questions que se posent les Strasbourgeois, expliquer, fouiller, donner la parole… Il y a tant à faire avec les médias locaux, tant de besoins et d’innovations possibles, qu’il est vraiment dommage qu’en tant que métropole régionale, nous n’ayons toujours pas une rédaction locale d’enquête solide et pérenne.
* les 4 médias français sélectionnés : Rue89 Strasbourg, Saphir Médiation, 94 Citoyens et Mediacoop.
Contact :
Pierre FRANCE pf@rue89strasbourg.com
Propos recueillis par Anka Wessang.